La désinfection de l’espace public dans le cadre de la lutte contre le COVID19
Dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, de plus en plus de villes ont recours à des produits biocides pour désinfecter l’espace public, en complément des procédures habituelles de nettoyage. Parfois employés de façon intensive, l’usage de ces produits en plein air pose question, notamment d’un point de vue environnemental.
La Direction générale de la santé (DGS) a saisi le Haut conseil de la santé publique (HCSP) le 26 mars afin d’expertiser si la désinfection de tout ou partie de l’espace public est opportune au regard du bénéfice attendu de cette pratique et des risques associés, qu’ils concernent le public, les travailleurs ou l’environnement.
Cet avis a été rendu, disponible ici.
Le Ministère de la Transition écologique et solidaire ainsi que Ministère de la Cohésion des territoires ont également diffusé un communiqué de presse.
Devant l’absence d’argument scientifique qui justifie l’intérêt de désinfecter la voirie pour prévenir des risques de transmission du virus, et au regard des impacts environnementaux potentiels, le Haut conseil de la santé publique recommande :
- de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie dans le contexte de l’épidémie du COVID-19 ;
- de continuer d’assurer le nettoyage habituel des voiries et du mobilier urbain avec les équipements de protection habituels des professionnels.
Le HCSP rappelle la nécessité de l’application des mesures barrières, notamment la distanciation physique et l’hygiène des mains en cas de contacts avec les surfaces du mobilier urbain, pour la prévention de la transmission croisée du virus dans les espaces publics.
Enfin, il recommande de ne surtout pas employer d’appareils pouvant souffler des poussières des sols de type souffleurs de feuilles.
Le Gouvernement rappelle que l’usage massif de produits de désinfection en plein air peut conduire à des effets, directs ou indirects, sur la santé et l’environnement.
Ces produits contiennent des substances actives qui seront dispersées dans l’environnement après ruissellement mais également via les réseaux de collecte des eaux pluviales ou d’assainissement. Leur impact, mais aussi celui des substances nocives associées à leur dégradation, pourrait donc dépasser la seule désinfection de rue ;
L’usage massif de produits désinfectants peut favoriser l’apparition d’espèces résistantes. C’est ce qui a été constaté pour d’autres produits chimiques comme les anti-moustiques dans de nombreux pays, ou encore en Europe avec le développement de l’anti-biorésistance.
L’Agence régionale de santé d’Île-de-France (ARS) et la Préfecture de Paris et d’Île-de-France demandent aux collectivités de suivre les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique pour le nettoyage du milieu extérieur urbain.
Les questions d’utilisation des produits biocides relèvent du Ministère de la Transition écologique et solidaire. Pour tout question éventuelle, vous pouvez vous adresser à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) : srema.driee-if@developpement-durable.gouv.fr