L’Île-de-France, nouveau territoire de feu, dispose désormais d’un Atlas cartographiant le risque incendie de forêt sur la région

Dans le cadre de la stratégie nationale de Défense de la Forêt contre les Incendie (DFCI), le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et des Forêts (le MASAF), pilote conjointement avec le Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer (MIOM) et le Ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques (MTECP), la mise en œuvre d’une politique de protection des territoires exposés au risque d’incendie.

En raison du changement climatique, le risque de feux de forêt et de végétation va s’étendre dans le temps et dans l’espace et notamment dans la zone nord de la France. La région Île-de-France est ainsi identifié comme « nouveau territoire du feu » par le rapport de la mission risque incendie forêt menée par l’Inspection Générale de l’Administration (IGA), le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) et l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) qui recommande, entre autres, de développer un programme d’ampleur d’acculturation au risque incendie de forêt.

Afin de disposer d’éléments techniques pour une meilleure prise en compte de ce risque naturel, la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt d’Île-de-France a confié la production de l’Atlas du Risque Feu de Forêt en Île de France au Centre National de la Propriété Forestière Île de France – Centre Val de Loire (CNPF IFC) en collaboration avec l’Institut Paris Région (IPR).

Conduite et méthodologie de l’étude

Le fil rouge du pilotage de l’Atlas a été l’inclusion et l’implication du plus grand nombre d’acteurs et partenaires de la thématique forêt (ex : les services de l’Etat, les services d’incendies et de secours, l’ONF, les propriétaires privés, les collectivités propriétaires de forêt, Île-de-France Nature et les Conseils départementaux) dans une logique d’appropriation des données, de la méthodologie, de leurs limites et de décisions consensuelles.

La coordination du projet a mis en place et s’est appuyée sur deux instances de décisions collégiales avec un comité technique pour les choix méthodologiques et les paramètres des données et traitements et un comité de pilotage pour les orientations stratégiques. Par ailleurs, l’étude a pu s’appuyer sur les retours d’expériences des atlas élaborés par les DREAL en Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, et de Normandie en cours de réalisation au même moment.

Deux phases principales ont conduit à la production de la carte finale des niveaux de risque feu de forêt en Île de France : la phase de calculs géostatistiques puis la phase d’expertise.

Lors de la première phase, chaque paramètre ou le poids qui lui est affecté dans la chaîne de traitement a fait l’objet d’expertise et de validation par consensus en comité. Le calcul du niveau de risque s’effectue en plusieurs temps. Dans un premier temps, il est nécessaire de déterminer le niveau d’aléa naturel (sensibilité des formations végétales au feu) ainsi que les probabilités de départ de feu. Le croisement de ces deux couches permet de calculer les aléas induits. Et enfin pour obtenir la carte du risque, la carte des aléas induits a été croisé avec la carte des enjeux sur le territoire (personnes, bien ou environnement).

Schéma de synthèse de la méthodologie de calcul des niveaux de risque

La cartographie des niveaux de risque calculés a ensuite fait l’objet, par département, d’une phase d’expertise mobilisant les différents acteurs/experts thématiques locaux afin d’apporter, si nécessaire, avec la connaissance fine de terrain, des modifications géométriques et/ou du niveau de risque sur certains espaces.

Résultat et valorisation de l’Atlas du Risque Feu de Forêt en Île-de-France

L’Atlas du Risque Feu de Forêt en Île-de-France cartographie et catégorise les massifs forestiers d’Île-de-France par niveaux de risque. Il s’agit ici d’une cartographie présentant des niveaux de risque estimés sur le territoire, et non pas d’un classement des massifs à risque d’incendie. En effet, à des fins de gestion de ce risque, un arrêté ministériel classe ensuite les massifs à risque d’incendie. Ce classement réglementaire est pris après que le préfet concerné a conduit une concertation locale.

Cette carte est un véritable outil d’aide à la décision et d’orientation stratégique régional pour les services de l’Etat et les politiques d’aménagement du territoire et de prévention des risques. En effet, elle apporte des connaissances techniques afin que les pouvoirs publics élaborent une stratégie de priorisation de la politique de prévention du risque incendie et mettent en place, auprès du grand public, des professionnels et des acteurs du territoire, des actions de sensibilisation, d’amélioration des pratiques et d’aménagement des territoires forestiers.

La prise en compte de cette cartographie pourra notamment déboucher sur l’identification des massifs les plus à risque qui nécessitent une décision de classement de massif à risque d’incendie au titre de l’article L132.1 du code forestier, sur lesquels s’appliquent des mesures réglementaires (ex : Plan Départemental de Protection des Forêts Contre l’Incendies, Plans de massifs, Obligations Légales de Débroussaillement).


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