Le bac professionnel, 40 ans de projets pour apprendre à « faire avec les autres »

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L’introduction de la journée organisée par Virginie Thomas, inspectrice de l’Education Nationale au rectorat de Versailles et Sophie Coutelle, chargée de mission école entreprise, DSDEN78, a été confiée à Jean-Pierre Geneviève, directeur académique des services de l’Education Nationale des Yvelines (DASEN)

Le lycée agricole "le CHEP" du Tremblay sur Mauldre a participé à l’évènement représenté par Valérie Dulong, développeur et Yann Luet, professionnel du paysage qui a intégré le CHEP en 1998 et y a obtenu son bac professionnel. Il s’est installé à son compte depuis 2011 après avoir travaillé dans une grande jardinerie. Il a livré son témoignage sur la formation en aménagements paysagers qui lui a permis de trouver sa voie.

L’occasion de rappeler en cette année anniversaire que le CHEP a également assuré la formation du Jardinier en chef du Château de Versailles. L’établissement propose des formations en paysage, environnement et forêt de la 4 ème à la Licence (en partenariat avec l’université de St Quentin en Yvelines)

Une voie pro structurée par le projet… et par la relation

Depuis la réforme qui a fait passer le bac pro à trois ans, la voie professionnelle s’est structurée autour de deux objectifs clairement assumés : l’insertion professionnelle et la poursuite d’études.

Comme l’a rappelé David Grateau, doyen des inspecteurs de l’Éducation Nationale du second degré, le bac pro est désormais pensé pour ces deux voies à parts égales. Dans cette perspective, le « chef-d’œuvre » – rebaptisé « le projet » – prend une place centrale. Ce projet, loin d’être un simple exercice scolaire, est pensé comme un levier pour :

• développer les compétences psychosociales : confiance en soi, capacité à travailler en équipe, à gérer le temps et le stress, à s’exprimer à l’oral, à faire des choix et à assumer ses décisions ;

• donner du sens aux apprentissages généraux (français, maths, langues…) en les reliant à une réalisation concrète ;

• créer une dynamique d’équipe chez les enseignants : co-intervention entre disciplines générales et professionnelles, passage d’une logique de « cours » à une logique de « situations de projet ».

Les projets comme terrain d’entraînement aux compétences psychosociales

Ce qui traverse toutes les tables rondes de la journée, c’est la manière dont les projets transforment les élèves – bien au-delà des savoir-faire techniques.

Se projeter dans un métier, se projeter dans sa vie : l’exemple du partenariat avec la Maison Vuitton du lycée Poquelin de Saint-Germain-en-Laye. Ce partenariat ne se limite pas à « offrir des stages prestigieux ». L’Atelier, mis en place pour les élèves de seconde et première bac pro commerce-vente-accueil, repose sur :

• une sélection sur le savoir-être (motivation, posture, comportement),
• des rencontres avec différents métiers (direction de boutique, stockage, vente),
• un atelier créatif et des mises en situation de vente,
• une visite du magasin des Champs-Élysées, suivie d’une phase de recrutement réelle.

Les bénéfices cités sont typiquement psychosociaux : les élèves gagnent en confiance, ils ajustent leurs attentes et leurs exigences – envers eux-mêmes et le monde du travail, ils clarifient leur projet professionnel, ils se découvrent capables de répondre aux exigences d’une maison de luxe.

La pédagogie de projet : dans l’ADN de l’Enseignement Agricole

Cette dynamique autour de projets collectifs est très ancrée dans l’histoire de l’enseignement agricole. Par des projets pluridisciplinaires, ancrés dans le réel : exploitation agricole, territoire, environnement...l’élève apprend à la fois un métier et une posture.

Les compétences psychosociales font partie intégrante des référentiels du bac pro agricole rénové comme en témoigne le document d’accompagnement rédigé en septembre 2022 par l’Inspection de l’EA : ici

Dans les lycées agricoles - 20 établissements en Ile-de-France - les actions autour des concours comme par exemple le Trophée International des Lycées Agricoles valorisé au Salon de l’Agriculture, le concours régional de reconnaissance de végétaux, les worldskills pour les métiers du paysage... mais également les projets d’exploitation, les journées portes ouvertes...permettent aux élèves de développer leurs compétences relationnelles et émotionnelles.

Projets, persévérance et réconciliation avec l’école

Plusieurs témoignages rappellent combien la voie pro et ses projets peuvent « sauver » des trajectoires scolaires fragiles :

• Ce jeune passé par une 3ème prépa pro, accueilli presque comme un « cas compliqué » dans son collège d’origine, qui découvre l’optique au lycée Jean Perrin, devient Meilleur Apprenti de France, obtient un BTS puis une licence et travaille aujourd’hui comme opticien, avec le projet de continuer à se former.

• Cet ancien élève du lycée Jean Moulin, à qui l’on a dit que « les portes de l’avenir se fermaient », qui, après un BEP et un BTS, est aujourd’hui chef d’entreprise à la tête de 7 salariés.

Dans tous ces récits, ce qui fait la différence, ce ne sont pas uniquement les savoir-faire professionnels. Ce sont :

• des rencontres (enseignants, tuteurs, chefs d’entreprise, maîtres de stage),

• des projets concrets qui donnent un but, un rôle, une utilité,

• la possibilité de faire ses preuves autrement que par les seules notes.

Ce qui ressort fortement de ces Rencontres :

La pédagogie par projet est un ancrage dans le réel : les entreprises, les territoires, les filières professionnelles, avec une attention particulière portée à l’utilité sociale des formations.

Dans les lycées agricoles du Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire comme dans les lycées professionnels de l’Éducation nationale, les projets sont des laboratoires de compétences psychosociales : apprendre à travailler en équipe, communiquer avec des publics variés, gérer ses émotions, ses erreurs, ses réussites, se projeter dans l’avenir, construire un projet de vie.

La voie professionnelle montre que l’on peut entrer dans la vie active avec des compétences humaines solides, poursuivre ses études (BTS, licence, école d’ingénieur, université), changer de trajectoire en cours de route, retrouver goût à l’école et pourquoi pas, intégrer une formation des métiers du vivant ?