Forum de l’alimentation : comment attirer les jeunes vers les métiers agricoles ?
Le 10 septembre 2025, le Forum de l’alimentation a consacré une table ronde aux « Actions des lycéens et des interprofessions », réunissant Marion Lhote (BDAPI – DGER), Cécile Dumas (directrice adjointe du lycée agricole de La Bretonnière, Chailly-en-Brie), Bruno Demontes (directeur de l’école hôtelière Médéric), Gilles Maréchal (directeur d’Agri Demain). Les échanges, animés par Frédéric Riou, ont porté sur l’attractivité des formations, la transition agroécologique et la modernisation des métiers.
Un enseignement au cœur du terrain
« L’attractivité est un énorme enjeu », souligne Marion Lhote, rappelant que la loi LOSARGA insiste sur le renouvellement des générations en agriculture. L’enseignement agricole, rattaché au MASA, se distingue par sa pédagogie très connectée aux réalités professionnelles : exploitations pédagogiques, ateliers technologiques, partenariats avec les filières.
Pour mieux faire connaître ces métiers, deux actions phares sont mises en avant : le stand au Salon de l’agriculture et le camion itinérant L’Aventure du Vivant, équipé d’un simulateur de conduite et accueillant collégiens et conseillers d’orientation partout en France.
La transition agroécologique comme projet d’établissement
Au lycée de La Bretonnière, l’exploitation pédagogique élève 300 ovins et des volailles de chair. L’établissement accueille environ 600 jeunes, dont une classe de 3e construite sur projet professionnel. « Nous avons monté un atelier Transitions agroécologiques issu d’options permaculture et écopâturage, qui est en passe de devenir un projet phare », explique Cécile Dumas.
Les élèves, très sensibles au développement durable, participent aussi à la vie locale : festival de la terre, foire au fromage de Coulommiers, boutique de produits locaux. Le lycée s’ouvre aussi à l’international, accueillant récemment deux jeunes togolais en service civique et organisant des voyages d’études à l’étrangers ainsi que des stages professionnels pour les jeunes comme pour les personnels dans le cadre d’Erasmus +.
Gastronomie et agriculture : des passerelles à créer
Bruno Demontes, directeur de l’école hôtelière Médéric, voit des parallèles entre agriculture et gastronomie. « L’enseignement agricole bénéficie d’une grande liberté pédagogique. J’aimerais qu’il y ait plus de liens entre écoles hôtelières et lycées agricoles. »
Pour lui, répondre aux attentes des consommateurs suppose d’intégrer la saisonnalité, les circuits courts et la lutte contre le gaspillage : « Réutiliser certains aliments n’est pas une innovation, c’est du bon sens. »
Agri Demain : redonner la parole aux agriculteurs
Fondée il y a six ans en réaction à l’« agribashing », l’association Agri Demain rassemble aujourd’hui 450 agriculteurs ambassadeurs formés à la communication. « Nous voulions sortir des clichés et créer un récit commun », explique Gilles Maréchal. L’association organise les Journées nationales de l’agriculture, collabore avec 300 chefs Euro-Toques et a lancé la Journée nationale du patrimoine alimentaire. Objectif : rapprocher agriculture, gastronomie et grand public.
De nouveaux leviers pour attirer les jeunes
Au-delà de la communication, des dispositifs concrets émergent : espaces test pour expérimenter une production avant installation, guichet unique France Services Installation porté par les chambres d’agriculture. « Il faut montrer que l’on peut vivre décemment de son métier tout en préservant l’environnement », insiste Marion Lhote.
La diversification est aussi une piste : fermes-brasseries, restaurants à la ferme, tiers-lieux ruraux. « Le métier d’agriculteur n’est pas figé », rappelle Gilles Maréchal.
L’expérience du binôme lycée agricole – lycée hôtelier
En Auvergne-Rhône-Alpes, un projet pilote associe sept binômes d’établissements agricoles et hôteliers. Ensemble, ils travaillent sur des thématiques variées – viande, poisson, maraîchage urbain – en lien avec des entreprises locales. « Ces projets d’un an favorisent la mutualisation et replacent les métiers-passions au cœur des territoires », souligne Carole Bourdenet (SRAL AURA).